Christophe et Richard, ambulanciers

 
Nous venons de vivre deux mois très mouvementés, comme la plupart des personnes.
Nous sommes passés par différents états émotionnels au fil du temps.

Au début, nous avons ressenti clairement de la peur.

« Nous savions que notre métier allait nous amener à être exposés,
frontalement, au virus. »

Il a donc fallu rapidement rassurer les équipes, notamment nos ambulanciers, qui se faisaient beaucoup de souci pour leur propre santé.

Dès le 19 mars, nous avons réuni l’ensemble de nos employés pour établir, collégialement, une organisation de travail assurant la sécurité de tous. Cette réunion a eu l’avantage de souder les équipes et de rassurer la plupart des gars qui travaillent avec nous. Seuls deux ont préféré, malgré tout, se mettre en arrêt maladie.

« Nous avons fait le choix de maintenir suffisamment d’effectif pour répondre aux besoins des habitants que ce soit pour les urgences, pour le transport régulier de malades dans le cadre notamment de chimio ou pour la partie funérarium. »

Nous devions être là pour les plus fragiles même si cela nous coûtait.

Nous avions la chance d’avoir des équipements de protection en stock. Nous avons donc immédiatement préparé des kits d’intervention pour chacun de nos ambulanciers avec masques chirurgicaux, blouses, charlottes, gants, sur-chaussures, gels. Tous les matins, nous prenions notre température et celle de nos salariés. Les véhicules étaient nettoyés 3 fois par jours.

« Nous avons installé un sas de décontamination dans notre zone réservée en temps normal au stockage. »

A chaque fois qu’un de nos salariés revenait d’une intervention, il passait par ce sas pour enlever son équipement. Ensuite c’était direction la douche.

« Nous avons été par deux fois en présence de cas suspect de Covid 19. Nous avons pris en charge ces deux cas en suivant scrupuleusement les directives de l’ARS ainsi que celles mises en place par le CHER. »

L’hôpital avait prévu une entrée spécifique pour les patients à risque. Il y avait une belle coordination entre nous et l’hôpital.

Pour la partie funérarium, à chaque fois qu’un client venait au magasin, nous désinfections systématiquement les poignées de portes et les éléments touchés. Nous avions également les masques et les gants. Les costumes portés passaient obligatoirement au fer à vapeur.

« Dans les chambres funéraires, nous avons dû établir un périmètre de sécurité, principalement autour du lit du défunt. »

C’était une décision difficile à prendre car, les gens qui viennent se recueillir ici, ont besoin de tenir la main du défunt, de le toucher une dernière fois. Mais ces nombreux contacts constituaient un risque de transmission du virus. Nous avons donc appliqué ce geste barrière pour protéger les personnes.

Ce fonctionnement interne est toujours en vigueur aujourd’hui. Il n’est pas question de relâcher la pression alors que nous sommes en déconfinement.

« Nous espérons maintenant que l’activité va reprendre car nous avons souffert économiquement de cette crise, comme beaucoup. Pour autant si c’était à refaire, nous ne changerions rien. »

Nous avons fait ce que nous devions faire : maintenir un service minimum.

Toute la profession a été mobilisée sur cette crise. Nous nous sommes serrés les coudes entre ambulanciers. Et la population nous a soutenus, notamment les restaurateurs en nous apportant des repas durant nos gardes de jours et de nuits.
Le mot solidarité a pris tout son sens pendant cette crise sanitaire.

 

Merci à Christophe et Richard de nous avoir consacré quelques minutes pour nous faire part de leurs sentiments par rapport à cette crise.